Vogue, Elle, Numéro, L’officiel, Cosmo, Marie-Claire, Grazia, etc… que des magazines de mode qu’on adore ! Mais le premier, né en 1867, était le Harper’s Bazaar, devenu aujourd’hui un véritable phénomène historique et artistique ! Au musée des arts décoratifs de Paris, une grande exposition retrace toute l’histoire du célèbre magazine de mode américain, devenu la référence du graphisme et de la mode, nous rappelant l’essence même du sujet : le support du magazine de mode est le premier vecteur, le principal diffuseur de son identité. A découvrir dès la réouverture des musées pour admirer la beauté et l’élégance, s’inspirer des tendances, et rêver à une époque éclatante…
Histoire à retenir
- L’hebdomadaire féminin, digne héritier des gazettes de mode européennes, tente d’instruire les femmes en matière de mode, de société, d’art et de littérature, et s’engage donc pour la cause féminine.
- Sa première rédactrice, Mary Louise Booth, était traductrice et journaliste de métier ; une femme engagée, suffragiste et abolitionniste.
Elle définissait le magazine ainsi : « Nos lecteurs seront ainsi assurés d’avoir accès aux authentiques modes parisiennes, en même temps que les Parisiens eux-mêmes » – et de société : « Les séries, les nouvelles, les poèmes, les mélanges littéraires et artistiques, la science familière, l’esthétique, la littérature actuelle, les nouveaux livres, les divertissements, le jardinage, l’architecture, la littérature domestique – en bref, tout ce qui est susceptible d’intéresser le cercle familial aura la place qui lui revient. »
- C’est les quatre frères Harper, déjà à l’origine de plusieurs magazines populaires, qui donnent leur nom au magazine, s’inspirant du titre du journal berlinois Der Bazaar.
- De nombreux artistes ont contribué au magazine, et notamment des Français, qu’ils soient peintres (Picasso, Matisse, Cocteau), ou écrivains (Colette, Simone de Beauvoir, Sagan), transformant le Harper’s Bazaar en manifeste d’art de vivre mêlant luxe, lettres, arts et progrès social.
- Le Harper’s Bazaar à la manière d’une vitrine internationale, a aussi participé au rayonnement des grands couturiers comme Worth, Poiret, Lanvin, Dior, Schiaparelli, et Balenciaga.
- Carmel Snow, rédactrice en chef à partir des années 30, modernise le magazine en faisant évoluer la femme en accord avec les sports et le plein air. Elle y défend aussi ses positions politiques et sociales très fortes, d’une incroyable modernité pour l’époque (la place des femmes au travail, la condition des artistes afro-américaines, les logements des quartiers pauvres).
Carmel Snow aimait à répéter que l’enjeu principal était d’« être en phase avec son temps ».
- C’est aussi elle qui définit la première collection de Christian Dior de « New Look », baptisant ce style d’après-guerre où la silhouette (look) et les dessins du créateur priment sur les couleurs et les matières.
Quelques photos choisies pour rêver…
Ce qu’on a adoré…
- L’esthétique du magazine qui saute aux yeux dès la première vitrine des unes. Les compositions graphiques sont tout simplement géniales, et on s’amuse à constater l’évolution des styles et des modes d’année en année.
- Les modèles couture habilement placés en miroir des publications, une façon d’illustrer et de toucher du bout des doigts un pan de l’histoire.
- Redécouvrir les clichés des top models phares d’une époque bien éloignée des silhouettes squelettiques et androgynes actuelles : Claudia Schiffer, Cindy Crawford, Linda Evangelista, Eva Herzigova, Christy Turlington, Naomi Campbell, Karen Mulder, Helena Christensen, Elle Macpherson, etc…
- Et avec elles les noms des grands photographes historiques qui, avec les directeurs artistiques et les graphistes ont défendu une certaine idée de la mode : Man Ray, Patrick Demarchelier, Peter Lindbergh, Mario Testino, Jean-Paul Goude, etc…
Deux petits bémols toutefois…
La scénographie, bien que réalisée par le Studio Adrien Gardère, est banale, produisant un rendu assez moyen au sein d’une atmosphère froide et impersonnelle. Mais surtout les légendes sont souvent très mal placées pour à la fois admirer et lire les œuvres, sans compter que les lumières inadéquates sont mal venues pour mettre en valeur les pièces haute couture exposées.
Enfin pour qui, fan de mode, souhaite surtout admirer les unes du magazine, les clichés des top models, les robes couture et les croquis et autres patrons, les planches explicatives sont trop denses. Très documentée (ce qui est souvent un compliment), l’exposition retrace l’histoire du magazine de manière très riche, voire indigeste, mais en même temps comment synthétiser 153 années d’histoire ?
Une chose est sûre, en ressortant on continue de rêver à ce passé romantique joyeux, et au souvenir du faste raffiné des soirées costumées somptueuses… so « why don’t you ? » *
Exposition Harper’s Bazaar. Premier magazine de mode
107, rue de Rivoli
75001 Paris
Tel. 01 44 55 57 50
* référence au titre de la célèbre chronique de mode de Diana Vreeland dans les années 40.
Cliquez sur les Unes pour les agrandir
Bravo pour cet article! Je rejoins ton avis sur la scénographie un peu triste mais compensée par la beauté des modèles exposés et la diversité des couvertures qui nous rappellent, comme tu le mentionnes, la beauté des mannequins d’une autre époque.
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