Les aérostats est le dernier conte d’Amélie Nothomb, une histoire d’amitié et de littérature.
Pie, un lycéen solitaire issu d’une famille fortunée souffre de dyslexie. Son père décide d’embaucher Ange, une jeune fille belge très studieuse et passionnée de philologie, pour lui donner des cours particuliers de littérature et l’aider à préparer le bac de français. Et comme par magie, en seulement quelques chapitres, la dyslexie de Pie est guérie, complètement improbable d’autant plus que la méthode du professeur est de demander à son élève de lire, dès la première leçon, Le Rouge et le noir de Stendhal en une seule nuit.
Il s’agit donc bien d’un conte, mais non pas avec son lot de féés excentriques et de légendes invraisemblables, mais plutôt avec deux protagonistes solitaires et décalés qui nouent une amitié sincère. C’est une aventure aussi, car la fin est brutale et inattendue.
Dans cette histoire on retrouve tous les éléments caractéristiques de l’univers créatif et stylistique d’Amélie Nothomb : des personnages singuliers aux noms originaux, énormément de dialogues dont la fluidité est incroyable, et un imaginaire à la fois sobre et farfelu.
A noter également, une petite catharsis de la part de l’auteur qui se raconte à travers le personnage d’Ange : « Ange c’est moi à 19 ans, terriblement sérieuse » avoue Amélie Nothomb.
De plus, de jolies références littéraires sont parsemées au fil les chapitres comme les petits cailloux du Petit Poucet : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, L’Iliade et l’Odyssée d’Homère, La Métamorphose de Kafka, Madame Bovary de Flaubert, ou encore Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau. Que des grands textes fondateurs pour passionnés de littérature, comme un hommage à la lecture.
Alors à ceux qui s’interrogent sur la signification des aérostats, ces énormes dirigeables à la fois magnifiques et encombrants qui passionnent Pie, je vous rassure : ils ne sont pas du tout le sujet du livre, vous l’aurez compris. Amélie Nothomb, baroque et fantaisiste comme on l’aime m’évoque tout à coup Dali, peintre surréaliste à la folie créative, qui intitulait certaines de ses peintures fascinantes de manière complètement improbable ; je pense notamment à la « La girafe en feu » qui est un minuscule personnage du tableau en question et qui a pourtant donné son titre au tableau ; ici c’est presque similaire, les aérostats sont évoqués sur seulement quelques pages du livre et ils lui donnent pourtant son titre.
Le mot de la fin est pour l’auteur : « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir ».
Les aérostats, Amélie Nothomb (Albin Michel)