Suite à la semaine du droit des femmes, il me semblait tout naturel de vous parler d’une femme mondialement connue et qui est le témoin de son époque. Jusqu’au 18 septembre 2016 le Musée des Arts Décoratifs de Paris rend hommage au phénomène Barbie et traite de sujets plus que jamais d’actualité : l’évolution de la société quant au rôle de la femme et son émancipation.
Barbie, une femme en avance sur son époque
Née en 1959 Barbie est LE jouet Mattel par excellence. Après des années de poupées en carton, en chiffon ou en porcelaine dont les corps figés et les visages sévères faisaient peur, Barbie fait son apparition telle une Vénus au corps parfait et à la féminité exacerbée.
C’est tout d’abord la première poupée avec des seins. A l’époque les décideurs Mattel sont réticents face à cette idée : Barbie n’est pas un jouet à cajoler. C’est une femme que les petites filles s’approprient pour vivre leur imaginaire en tant que futures femmes. Je veux être vétérinaire, astronaute, présidente de la république, chanteuse, danseuse, etc… alors Barbie aura des dizaines de métiers, contrastant avec la réalité de la société quand la plupart des femmes sont encore au foyer et dépendent financièrement de leurs maris. Dans plusieurs salles l’exposition met en lumière toutes les carrières de Barbie et les petites filles admirent les poupées dans des globes.
Barbie, les secrets de fabrication
Derrière le mythe Barbie il y a des étapes de fabrication. Et c’est en cela que l’exposition s’adresse aussi aux adultes car elle révèle les coulisses techniques de la création. Ce parti pris est à saluer car le musée ne rend pas un simple hommage lisse dédié aux enfants comme pourrait le faire Disney avec ses héros pour entretenir la magie et le rêve.
Des corps de Barbie sont alignés simplement, nus, sans scénographie, et des têtes sont piquées sur des tiges métalliques. La star Barbie retourne à sa condition première, un jouet en plastique fabriqué selon plusieurs étapes et assemblages et qui ne prend vie que dans les mains des petites filles. D’anciennes vidéos nous dévoilent tous les stades de la confection. Étonnant.
Barbie inspire les créateurs et les artistes
Une taille de guêpe, un rayonnement mondial dans 150 pays, une femme moderne en avance sur ton temps. Est-ce pour toutes ces raisons que les artistes ont toujours été inspirés par Barbie ? De Dior à Chanel, en passant par Gauthier, Rykiel, Escada, Moshino, Lacroix, Armani ou encore Vera Wang, tous ont joué le jeu d’habiller son corps de plastique. Des croquis nous présentent leurs créations et quelques robes griffées illustrent combien Barbie a suivi les tendances de la mode.
A l’étage un superbe décor miniaturisé met en scène des Barbie à un défilé de mode. C’est superbe, aucun détail n’est oublié, des ateliers de couture au podium en passant par le grand escalier d’apparat. Petites et grandes rêvent alors à leur nouvelle maison de poupées…
Andy Warhol lui a tiré le portrait à la manière d’une égérie humaine, et quelques publicitaires ont mis en scène des mannequins dans des boîtes avec ses accessoires, façon Barbie. Enfin, Louboutin a dédicacé une de ses paires de chaussures rose fluo à l’occasion de l’anniversaire de ses 50 ans en 2009.
Barbie, une femme qui crée la polémique
On l’ignore mais presque dès sa création Barbie a été créée selon quatre morphologies différentes et quatre couleurs de peau. Elle avait aussi plusieurs natures et couleurs de cheveux. Malgré tout elle reste dans l’esprit commun cette blonde grande et filiforme aux jambes immenses, aux cheveux longs, aux grands yeux bleus et au sourire éclatant.
Depuis peu Mattel crée le buzz grâce à sa nouvelle collection de Barbie Fashionistas avec des poupées aux beautés plurielles. Rondes, petites, noires, asiatiques, cheveux métissés ou courts, ces nouvelles poupées se veulent plus proches de la réalité pour que davantage de petites filles s’y identifient. Et il faut aussi reprendre des parts de marché aux concurrents.
A travers ces nouvelles silhouettes Barbie s’affirme et revendique sa différence alors que l’on voit encore trop de défilés avec des mannequins décharnées, et des couvertures de mode qui font l’éloge de la maigreur et des retouches Photoshop.
Derrière la porte rose Barbie, un monde de 700 poupées, de paillettes, et de rêves sur 1500 m². Toutes les petites filles et leurs mamans sont présentes. Les premières contemplent et s’émerveillent. Les secondes redécouvrent et se souviennent… Quelques légendes manquent parfois pour dater les poupées mais cette exposition est définitivement bien pensée car elle s’adresse aux enfants comme aux adultes. En sortant je suis convaincue que Barbie a joué un rôle en faveur de la femme pour qu’elle gagne sa liberté et son indépendance. D’ailleurs en dehors de son autonomie financière, Barbie a aussi gagné sa liberté amoureuse car après la création de Ken en 1961 comme accessoire nécessaire à la création d’histoires de cœur, Barbie le quittera pour Blane le surfeur australien. Donc comme le dit Beyoncé, « Who run the world? Girls! »
Enfin, à quand une Barbie qui lancera aussi le débat sur la quête de la jeunesse éternelle… ? Car à 57 ans Barbie a toujours les traits d’une jeune trentenaire. Pourtant quelques publicitaires ont flairé la tendance des séniors car grâce à l’espérance de vie repoussée ils représentent un vrai marché.
Barbie au Musée des Arts Décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris
Tél. : 01 44 55 57 50
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