Film gourmet pour tout public gourmand qui se respecte, Les Saveurs du palais est librement inspiré de la vie de Danielle Mazet-Delpeuch, la cuisinière personnelle du président François Mitterrand à l’Elysée. A l’affiche depuis le 19 septembre, c’est un joli apéritif qui nous met en bouche pour la suite du menu. Alors un conseil, prévoyez un bon restaurant à la sortie.
D’un côté, c’est Catherine Frot qui interprète Hortense Laborie dans le film, cette fameuse cuisinière renommée du Périgord qui à sa grande surprise est recommandée puis nommée responsable de la cuisine personnelle du chef de l’état. De l’autre côté, le président de la République Française est remarquablement incarné par le prestigieux académicien Jean d’Ormesson qui débute sa carrière de jeune acteur à 87 ans. Le casting est parfait : elle est à sa place, talentueuse, passionnée et humble, et lui est passionnant, charismatique et discret. Bref, ce duo est tendrement complice à l’image de cette jolie scène inattendue de début de soirée où madame Laborie beurre et prépare des tartines de cèpes au président.
Même si ce n’est pas une biographie avec les rebondissements inhérents à une vie, l’histoire est habilement rythmée entre le présent de Danièle Delpeuch en Antarctique et le sujet principal du film à l’Elysée, illustré par des constants retours en arrière. On comprend donc mieux les projets de la cuisinière passionnée par l’art de la cuisine et les bons produits du terroir. Quelques titres de recettes pour vous faire saliver : la Chaudrée Charentaise, les pommes de terre Julia, le Chou farci au saumon et braisé aux petits lardons…etc
D’ailleurs, pour l’anecdote, Catherine Frot a pris quelques cours de cuisine avec la vraie madame Mazet-Delpeuch pour mieux se mettre dans la peau de son héroïne : « Elle m’a enseigné le plaisir des gestes, des couleurs et des formes de la nourriture. Et j’ai vraiment appris à réaliser un chou farci au saumon. C’était une des scènes très importantes du film : on devait me voir le préparer. » Et l’illusion est parfaite puisque pour moi c’est l’une des recettes phares du film.
Mais dans les cuisines du 55 rue du Faubourg-Saint-honoré, les rivalités et les jalousies sont nombreuses. Bon nombre d’obstacles vont venir compliquer le rôle de cette femme bien éloignée des coulisses du pouvoir. Malgré tout, grâce à son caractère bien trempé elle saura faire face aux règles pesantes du protocole, aux recommandations étriquées des diététiciens, et aux jalousies machistes des chefs de la cuisine centrale tout en distillant de sa personnalité dans ses plats.
Finalement, la seule qui tient le rôle principal dans le film c’est la gastronomie, une cuisine classique, authentique et bourgeoise faite par des passionnés pour des clients initiés qui souhaitent retrouver le bon goût des choses. Et dans l’aura de Jean d’Ormesson avec sa passion de la langue française, les repas prennent une tout autre dimension. Chauvine que je suis, je dirais que l’art de vivre français est magnifié, le Palais de l’Elysée étant pour tout président le reflet de nos valeurs emblématiques et de notre savoir-faire illustre. Mais en toute objectivité, on ne peut s’empêcher de penser à la crise actuelle et j’espère donc qu’en pleine période de menace d’austérité le nouveau président ne fera pas ce genre de dépenses de papilles qui pèsent finalement lourd sur les impôts des ménages français.
Quelques critiques de cinéma ont donné leur avis. Et vous, quel est le vôtre?
– Le Monde par Noémie Luciani : Balayant d’un revers de main toutes les facilités auxquelles on était tenté de s’attendre, « Les Saveurs du palais » défend avec vigueur et légèreté un art de vivre à la française qui excède largement les limites religieusement posées du génie culinaire.
– L’Humanité par Jean Roy : De l’exotisme, une utilisation parfaite du français, et de la vie de château, il y a tout pour saliver, d’autant que nous allons d’énoncé de recette en énoncé de recette à se damner.
– Ecran Large par Didier Verdurand : Un résultat un peu bancal, pas franchement réussi mais loin d’être raté. Catherine Frot excelle une fois de plus dans un rôle complexe d’une femme pas toujours sympathique mais habitée par une passion pour la cuisine du terroir.
– Le Journal du Dimanche par Danielle Attali : À l’exception des scènes de sa vie après l’Élysée, bien superflues, voici un film qui adopte un rythme différent, qui se savoure et qui nous donne vraiment envie de passer à table.
Les Saveurs du palais, de Christian Vincent (2012)
Avec Catherine Frot, Jean d’Ormesson, Hippolyte Girardot, Arthur Dupont et Brice Fournier
🙂
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