Même par les températures d’hiver qui ont refroidi Paris il y a dix jours, les visiteurs font la queue devant le MAM. Les têtes d’affiche font toujours le plein et Andy Warhol ne fait pas exception. Inutile de le présenter. Tout le monde connait l’artiste, le personnage, sa Marilyn. Et pourtant en parcourant l’exposition du Musée d’Art Moderne de Paris, j’ai encore découvert quelques jolies oeuvres qui illustrent parfaitement les éléments warholiens de la répétition, du glamour et de la mort.
Les boites de soupe
L’exposition débute sur les boîtes de soupe Campbell et autres produits alimentaires de la grande distribution qui posent la question de la définition de l’art. Et face aux critiques de l’époque, Warhol répond : « vous allez au musée et ils disent que c’est de l’art et des petits carrés sont accrochés au mur. Mais tout est de l’art et rien n’est de l’art. » N’a-t-il pas raison?
Les chaises électriques
Les séries picturales, photographiques ou cinématographique sont fréquentes dans l’oeuvre de Warhol. Cet emploi de la répétition est criant d’actualité quand on pense aux stratégies des multinationales qui martèlent les médias de leurs campagnes publicitaires. C’est d’ailleurs ce que l’artiste semble dénoncer en détournant un élément subversif : ses chaises électriques semblent être produites comme un produit de grande consommation, en série, et selon plusieurs couleurs disponibles. Notre société aurait-elle industrialisé la mort? Alors à la question « Est-ce que vous croyez à la peine de mort? », Warhol répond: « Pour l’amour de l’art, bien sûr ». Quelle belle fugue…
Jackie Kennedy
Warhol s’inspire aussi des héros. Selon lui : « Aux Etats-Unis, c’est vraiment formidable, on a la manie de faire des héros de n’importe qui et pour n’importe quoi ». Et quand l’art s’inspire de l’histoire je découvre avec stupéfaction la série des Jackie Kennedy. Elle fait partie d’une série de portraits sur fond bleu extraits de clichés d’époque. La première dame est radieuse puis désespérée. Et comme pour les autres impressions sérigraphiques, l’artiste met d’ailleurs un point d’honneur à ne pas corriger les imperfections. Grains, flous, rayures, poussières rendent le sujet fort, authentique et touchant.
Les vaches
Enfin, qui ne connaît pas les vaches de Warhol? La rose fluo sur fond jaune est de loin ma préférée car elle m’évoque ce petit triangle de fromage frais issu de mon enfance. Malgré tout, la signification cachée de ces vaches n’est pas innocente; elle est même assez ironique car il semblerait que leur regard bovin renvoie les visiteurs à leur propre condition de passivité. Avouez que cette réalité est osée…
En bref cette expo c’est comme une dose de bonne énergie. Warhol nous donne un coup de peps pour affronter l’hiver avec ses couleurs fluos, son art décalé, provocant et expérimental qu’il souhaite sans contrainte ni limite. A vous de découvrir l’étendue de son expression artistique en allant notamment admirer les Shadows, et prêtez-vous au jeu du portrait warholien. Un photomaton Andy Warhol est proposé à tous les visiteurs qui pour seulement deux euros souhaitent se faire tirer le portrait en sérigraphie fluo. Sympa non? C’est original, rapide et d’assez bonne qualité. Une jolie conclusion.
Musée d’Art Moderne de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00