Connaissez-vous le Musée départemental Albert Kahn à Boulogne-Billancourt ? Ce domaine de quatre hectares classé « musée de France » par l’État et inscrit aux Monuments historiques est, depuis quelques années, fermé pour rénovation. Cet ambitieux projet de 26 millions d’euros investis par le département des Hauts-de-Seine prévoit notamment de rénover trois maisons japonaises, neuf bâtiments, et de créer un nouvel édifice de 2300 m2. Mais en attendant la fin des travaux, prévue pour 2021, le jardin a rouvert, offrant aux promeneurs des environs une jolie petite oasis à deux pas de Paris.
Le fondateur Albert Kahn
Né en 1860 dans le Bas-Rhin, au sein d’une famille très aisée de commerçants juifs, Albert Kahn débute sa carrière en tant que tailleur à Paris. Puis il travaille comme employé de banque alors qu’il poursuit ses études de lettres et sa licence de droit. Il fait finalement fortune dans des affaires minières, et en financier éclairé, ouvre sa propre banque en 1898. C’est à cette période qu’il s’investit dans des fondations en faveur des peuples et de la coopération internationale. Il voyage d’ailleurs pendant plus de vingt ans à travers une cinquantaine de pays où il photographie et filme ses rencontres avec les populations. Il accumule alors 72 000 autochromes (procédé photographique en couleurs inventé en 1903 par les frères Lumière), la plus importante collection au monde. Mais le krach boursier de 1929 a raison de sa fortune et ses projets tombent peu à peu dans l’oubli. Il meurt en 1940. Sa collection d’images baptisée « Les archives de la planète » est aujourd’hui conservée au Musée qui porte son nom.
Un jardin comme idéal de paix
De 1895 à 1920 le banquier passionnée d’horticulture modèle sa propriété de Boulogne-Billancourt avec l’aide de son jardinier Louis Picart. Il fait importer des espèces botaniques du bout du monde pour créer un jardin « à scènes » où chaque scène est une référence à un courant des jardins : jardin japonais, jardin à la française, jardin anglais, une roseraie aux tonnelles romantiques au milieu d’un verger de pommes, et une forêt enchanteresse (ou « scène sylvestre ») en écho aux forêts vosgiennes de son enfance.
Cette association harmonieuse d’espèces végétales et florales issues du monde entier fait écho avec l’idéal pacifiste universel d’Albert Kahn qui souhaitait, grâce à ce jardin, illustrer la diversité des cultures.
Premier coup de coeur pour le jardin japonais avec son plan d’eau aux nénuphars, son petit pont coloré et ses jolies perspectives sur la nature. Deuxième coup de coeur pour la forêt magique aux arbres bleus (cèdres de l’Atlas et épicéas du Colorado) dont les clairières merveilleuses sont joliment façonnées par la main de l’homme. Le lieu idéal pour se prélasser sur un banc à lire un roman sous le chant des oiseaux et les pirouettes des écureuils roux. Enfin coup de coeur pour la « forêt dorée » avec ses bouleaux aux feuilles d’or qui brillent sous les rayons du soleil.
Un musée-jardin à découvrir en 2021
Ce jardin est une jolie découverte, avec toutefois un goût d’inachevé en raison des travaux de rénovation toujours en cours. La serre ornementale est par exemple toujours fermée (dommage), comme le musée et les petites maisons japonaises. Cela explique certainement le petit prix du billet d’entrée à 4 euros en plein tarif. Mais les jardins restent très agréables pour une balade bucolique à deux pas de Paris. Sans oublier que la découverte de ce jardin permet de s’imprégner de l’idéal pacifiste du fondateur qui avait un projet humaniste ambitieux pour le XIXe siècle : favoriser la connaissance mutuelle entre les peuples pour servir le dialogue entre les cultures. Une leçon plus que jamais d’actualité et pour laquelle on reviendra à la fin des travaux en 2021, en découvrant la belle collection d’autochromes.
1 rue des Abondances
92100 Boulogne-Billancourt
Tel. 01 55 19 28 00
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