La Môme, intemporelle…

Préparez vous à célébrer un monument de la chanson française ! Véritable icône aux chansons inoubliables dont les refrains ont traversé le temps sans prendre une ride, Edith Piaf fait partie de la mémoire collective. Aussi, très habilement certains ont senti le bon filon pour 2013 puisqu’on fêtera le cinquantenaire de sa disparition : ainsi, Patricia Kaas avec sa tournée 2013 Kaas chante Piaf visitera pas moins de quarante-cinq pays, tandis que d’autres publient un livre mémoire avec des photographies de la Môme (Piaf, une vie en noir et blanc – Ed du Signe). Mais l’hommage dont j’ai vraiment envie de vous parler aujourd’hui c’est le spectacle musical « Piaf une vie en rose et noir » au théâtre Daunou à Paris. A l’aube de cet anniversaire important pour le patrimoine artistique français, ce spectacle est un véritable électrochoc. Le moins que l’on puisse en dire : c’est intense !

A l’origine créé en 2006 comme une biographie musicale, ce spectacle a rencontré un vif succès au Québec, en Italie, en Grèce, en Russie, au Liban, à Dubaï, à Doha, à Tahiti, à Nouméa et en Chine à l’exposition universelle de Shanghai en 2010 où il a représenté la France. Aujourd’hui il revient à l’affiche à Paris dans une version actualisée avec des anecdotes de sa vie et surtout des chansons superbes, certaines incontournables, d’autres moins connues et qui permettent à Piaf de continuer à nous surprendre.

Sur scène lorsque le rideau de velours se lève on découvre un décor simple avec seulement deux portants à vêtements, un meuble coiffeuse, un canapé et deux chaises. Côté protagonistes ils sont quatre : deux hommes, une femme et… un accordéon. Ce qui me frappe d’entrée de jeu, deux choses : pourquoi ont-ils choisi une blonde pour incarner la Môme, et comment se fait-il que le narrateur a un cheveu sur la langue ? Ces deux petits détails vont finalement s’avérer très superficiels au fil du spectacle car dès le début le décor est planté. Jacques Pessis à la manière d’un conteur à une veillée nocturne nous trace très habilement le parcours de Piaf avec des anecdotes choisies et bien placées. Entre deux épisodes de sa vie, l’illustration est un moment de bonheur : Nathalie Lermitte interprète de façon magistrale les titres de Piaf, accompagnée par Aurélien Noël et son accordéon. Bref, ces trois là sont un trio de choix.

Moi qui déteste cet instrument d’habitude car je le trouve souvent ringard et disharmonieux, ici il est complètement mélodieux et indispensable pour recréer cette atmosphère du passé pleine de cachet. Presque envoutant, il nous transporte à une époque où la chanson française a créé ses lettres de noblesse. Mais l’instrument ne serait rien si cette chanteuse talentueuse ne savait nous toucher avec sa voix puissante qui résonne dans nos ventres. J’en ai des frissons et c’est un grand bonheur, comme une plénitude qui nous envahit. Et finalement, on réalise qu’il est très judicieux d’avoir choisi une chanteuse avec laquelle la comparaison physique avec Piaf est à priori impossible, car malgré sa blondeur et sa grande taille elle parvient de façon très subtile à entrer dans la peau du personnage : voix, diction, mimiques et attitudes sont troublantes. Au point qu’à la fin du spectacle lorsqu’elle revêt cette fameuse petite robe noire et cette perruque, dans l’ombre projetée au fond de la scène on croit assister à la résurrection de Piaf. La ressemble est donc finalement très saisissante.

Et puis quelle interaction complice avec le public. Alors d’accord c’est la première du spectacle donc il fallait « envoyer la sauce » car de nombreux journalistes étaient présents dans la salle pour faire leur critique dès le lendemain, mais c’est un vrai plaisir de se voir investi dans les refrains des chansons. La chanson « Padam Padam » est par exemple un très bon moment. C’est comme un écho dans le théâtre.  Nathalie Lermitte commence à chanter et elle nous met à contribution pour le refrain. C’est drôle et on se prend au jeu. La scène et la salle se répondent en toute complicité.

Côté mise en scène, pas besoin d’un maquillage sophistiqué, d’un décor à gros budget ou d’effets spéciaux. Presque fidèlement à l’origine populaire de Piaf, ce spectacle à petit budget côté casting et mise en scène fait mouche ! Ainsi, à coup de différents chapeaux ou vestes, l’accordéoniste prend tout simplement corps des nombreux amants de Piaf pour les incarner simplement et illustrer les propos de l’histoire. Les éclairages sont beaux et judicieux car ils donnent parfois un caractère dramatique à l’histoire, tandis qu’ils peuvent aussi être légers et joyeux. Quant à Nathalie Lermitte, elle change habilement de robe à chaque nouvelle période de la vie de Piaf.

Lorsque l’on ressort de ce petit théâtre à taille humaine, on a l’impression d’avoir assisté à un conte. C’est comme si on était transporté dans une jolie boîte à musique. Alors profitez en car elle tourne jusqu’en décembre prochain.

On dit souvent qu’il est inutile de résumer la vie de Piaf dont le parcours célèbre a été retracé de nombreuses fois dans des documentaires, des films et des biographies. Depuis les cabarets populaires aux scènes mythiques internationales, Piaf a eu une extraordinaire renommée outre atlantique au point que des artistes  aux influences variées ont repris bon nombre de ses chansons. Etoile du patrimoine français elle a vécu une succession de drames personnels et de réussites professionnelles qui ont nourri ses chansons magnifiées par sa voix magique à la gouaille singulière. Dans ce spectacle musicale, à juste titre nommé aux Molières en 2006, les émotions sont intenses, pleines de rage, d’amour et de désespoir.

Piaf était Paris. Elle est aujourd’hui plus que jamais une légende. 

Théâtre Daunou

7, rue Daunou

75002 Paris

Tel. 01 42 61 69 14

5 thoughts on “La Môme, intemporelle…

  1. Totalement bien retranscrit Bab! Et oui j’ai eu la chance de découvrir ce spectacle avec toi et j’ai tellement été conquise que j’ai voulu le partager avec les hommes de ma vie (mon PERE! Et mon copain! 😉 ). Un vrai moment de poésie dans une journée trop grise, on en ressort revigoré. Les chansons de Piaf si bien interprétées traversent tout notre corps, entre sourires, et larmes. Les « puristes » pourraient être plus critiques car Piaf est inimitable, irremplaçable, l’interprétation reste personnelle et l’on peut toujours regretter ceci ou cela (choix des costumes, rythme des chansons trop rapides ou trop lentes etc). Courez-y c’est extra!!!

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  2. Bravo Barbara pour la justesse de tes commentaires ! J’ai eu aussi la chance d’assister à la première, et j’en suis ressortie….E-XAL-TEE ! C’est l’un des plus beaux hommages rendu à Madame Piaf, à la fois simple et profond, à l’image de la Grande Dame ! Allez-y !!!!!

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  3. Notre famille n’était pas a la 1ère mais à la séance ou l’on était, le spectacle était sublîme, rempli d’émotions, de vibration, de communion, de talents, de joies, de bonheur et aussi de nostalgie lorsqu’il fut fini…. Nous voudrions y être encore pour dire aux trois artistes, mille bravoooooooooos !!!!!!!

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