A l’heure où les footeux sont tournés vers la Coupe du Monde j’ai envie de vous parler d’un autre genre de Russie, une Russie plus gourmande, plus raffinée, plus précieuse. Car depuis cet hiver place de la Madeleine à Paris, à deux pas de chez Fauchon, le Café Pouchkine a ouvert et il est la nouvelle adresse de restaurant, salon de thé, pâtisserie à faire pâlir de nombreux concurrents parisiens. A qui je pense ? Aux Angelina et autres Ladurée assez jolis mais très impersonnels et où le bruit ne fait que gâcher la belle expérience d’un service médiocre face à l’affluence toujours plus grande des hordes de touristes en quête de l’adresse parisienne historique. Quant aux autres où la qualité est au rendez-vous, du genre de Jean-Paul Hévin, ils sont malheureusement souvent froids et sans âme. Alors pour avoir le décor classieux, la qualité dans l’assiette, le service attentionné, l’assise confortable, l’atmosphère conviviale et l’Histoire, il faut souvent casser sa tirelire pour s’offrir les sublimes afternoon tea time des hôtels de luxe du genre du Bristol, du Peninsula ou du Shangri La, absolument sublimes et incomparables. Et entre les deux, qui y a-t-il ? Et bien il reste l’hôtel Relais & Châteaux Daniel, et Mariage Frères, des valeurs sûres qui heureusement ne ternissent pas au fil du temps. Mais la nouveauté attise ma curiosité alors direction la place de la Madeleine pour tester ce Café Pouchkine.
Un écrin des plus précieux qui rend hommage à l’Histoire
On se souvient bien sûr des corners Pouchkine dans les grands magasins où l’espace et le confort manquaient cruellement. Mais au 16 place de la Madeleine c’est un autre niveau. Deux niveaux justement, répartis entre le Salon Catherine II dédié au restaurant / salon de thé, la pâtisserie ouverte sur la rue, le salon privé Pavlovsk au premier étage, le bar Pouchkine au rez-de-chaussée, et la belle terrasse extérieure. Le décor est magnifique, précieux, réalisé par des artisans ébénistes, marbriers et peintres décorateurs moscovites : lanternes et lustres brillants, cariatides et dorures, sols en marbre, et plafonds ornés. Un escalier en colimaçon décoré de miroirs, d’appliques murales style empire et d’un garde corps en fer forgé doré ouvre sur un premier étage, le Salon Madeleine, plus intime. Là, fauteuils tapissés, cheminée aux chandeliers, miroir trumeau et ornementations fleuries portent encore plus haut le raffinement du style empire russe.
Il faut dire qu’Andrey Dellos, le propriétaire du Café Pouchkine inauguré en 1999 à Moscou à l’occasion du bicentenaire de la naissance du célèbre poète Alexandre Pouchkine, est féru d’histoire, d’art et d’antiquités. Alors pour son adresse parisienne il fallait garder le même esprit, l’éclectisme culturel de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles. Et les références historiques se poursuivent jusque dans le packaging de la pâtisserie reconnaissable à ses rayures rose poudré, bleu tendre et marron, appelé motif Bayadère, en écho au célèbre ballet russe créé en 1877 au Théâtre Impérial Bolchoï de Saint-Pétersbourg, et chorégraphié à l’origine par le français Marius Petipa.
Une carte accessible où dialoguent tradition française et saveurs russes
C’est une adresse qui évolue au fil de la journée en fonction des moments. Petit-déjeuner, déjeuner, afternoon tea time, apéritif, snack ou diner, le Café Pouchkine rythme tous les partages qu’ils soient entre amis, en famille, d’affaires ou romantiques. Alors la carte a été savamment élaborée par la maison Ducasse pour marier habilement tradition française et saveurs russes.
Côté salé on retrouve bien évidemment des recettes traditionnelles : boeuf Strogonoff, cotelette pojarski, bortsch, pelmini de saumon et les fameux caviars. Quant aux blinis accompagnés de leurs taramas, bravo ! Crabe, cabillaud, saumon, truffe, on ne sait plus où donner de la tête. C’est joli, savoureux et servi dans de la traditionnelle vaisselle russe, ce qui ne gâche rien !
Côté sucré c’est là que le drame commence. Les vitrines de la pâtisserie rendent fou. Les desserts sont de magnifiques petites sculptures colorées et délicates. On ne sait plus quoi choisir. Mon coeur balance entre le cheesecake exotique, les crêpes suzette, la pavlova pêche groseille, et la matriochka bergamote coquelicot fraise. Ah oui et puis il y a aussi les macarons ! Envie de tout goûter ! Force est de constater que mon estomac n’est pas assez grand pour tout contenir donc en plusieurs visites je goûte finalement le cheesecake exotique, la pavlova pêche groseille, les crêpes suzette, des macarons yahourt et une coupe glacée Mont Blanc. Résultat des courses : plus 5 kilos et un avis sans appel, c’est DE-LI-CIEUX ! C’est équilibré, subtile, délicat, fondant, savoureux, beau et bon, d’autant plus que Monsieur sucre se fait très discret. Un délice je vous dis ! Quelques détails…
- Pavlova pêche groseille : chantilly amande, coeur de confit de pêche blanche fraîche, groseilles acidulées (10 euros).
- Coupe glacée Mont Blanc : brisures de marrons glacés, glace marrons, glace vanille, éclats de meringue, sauce myrtille et chantilly (12 euros).
- Crêpes suzette : la mise en scène est théâtrale puisqu’elles sont préparées au guéridon devant le client. On observe le caramel se former dans la poêle et on goûte son parfum avant que le citron n’entre en scène puis le Grand Marnier pour le flambé final (12 euros).
- Matriochka bergamote coquelicot fraise : posée sur son sablé breton, compotée fraise-framboise, crémeux fraise, mousse bergamote, gelée coquelicot (8,40 euros).
- Coupole Cheesecake : Le cheesecake exotique façon Pouchkine (8,60 euros).
- Assortiment de 3 macarons yahourt : cerise, poire, abricot, fraise, pamplemousse (7 euros).
Alors à ceux qui seraient encore réticents, quelques belles références devraient vous décider : Nina Métayer, chef création, a été élue pâtissière de l’année 2017 par le guide Gault et Millau ; Patrick Pailler, chef pâtissier exécutif, est responsable des laboratoires ; Frédéric Lalos, Meilleur Ouvrier de France est en charge des pains ; Quentin Bailly, champion du monde de chocolaterie pâtisserie, fournit les confitures ; les oeufs bios et fermiers sont issus de la Ferme du Mont Saint Père à Savigny en Braye ; le boeuf vient de l’Aubrac, et la volaille des Landes.
Un service des plus attentifs sans être guindé
Pour ma première fois au Café Pouchkine Paris je décide d’écrire un email au service commercial pour demander à réserver une table pour le tea time étant donné que je prévois d’y emmener ma grand-mère en chaise roulante. On me rappelle dans la journée et très aimablement on me confirme ma réservation, dérogation faite en raison du fauteuil roulant sachant que les réservations ne sont normalement pas acceptées pour l’heure du goûter. Très apprécié. Notre tea time se passe à merveille, l’équipe est aux petits soins.
Une autre fois au Café Pouchkine Paris, c’est un thé glacé en terrasse. Mais les 30 degrés parisiens sont étouffants et la rue un peu bruyante. Je rêve d’une table au frais à l’intérieur mais pas de disponibilité. La serveuse enregistre notre demande et nous promet de faire le maximum. Pas le temps de boire un grande verre d’eau en attendant de choisir sur la carte, elle nous propose une petite table à l’intérieur sous la fraicheur de la clim devant la baie vitrée, côté pâtisserie. Parfait. Le manager qui nous reconnait vient gentiment nous saluer.
Côté conseils on ne peut pas rêver mieux. Les conseillères de la pâtisserie sont à l’écoute, fournissent des détails, comme les serveurs qui nous conseillent en fonction de nos goûts. Ils connaissent les produits, mettent en avant les éditions limitées ponctuelles, nous proposent même de goûter un macaron cerise verveine.
L’ambiance est détendue, courtoise, professionnelle et sympathique. Moins guindée que dans les palaces parisiens, le budget accessible en prime ! On s’y sent bien. Une chose est sûre, ce Café Pouchkine va devenir ma nouvelle adresse préférée pour un verre en terrasse, un tea time entre copines, un déjeuner ou diner haut de gamme, car finalement il combine tout ce que je recherche d’une belle adresse parisienne : décor, histoire, qualité, service, confort, et convivialité. 10/10 !
16, place de la Madeleine
75008 Paris
Tel. 01 53 43 81 60
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Petit clin d’oeil à Gilbert Bécaud :
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Nathalie
La neige faisait un tapis
Et je suivais par ce froid dimanche
Nathalie
De la révolution d’octobre
Je pensais déjà
Qu’après le tombeau de Lénine
On irait au café Pouchkine
Boire un chocolat
Top cet article sur le café pouchkine! J’irai y faire un tour cet hiver 😍😜
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Merci Emi ma chérie ! Mais tu peux y aller dès maintenant pour un thé glacé ou une glace. C’est une très belle adresse.
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Chère Barbara, merci pour ces précieux conseils que nous gardons pour notre retour de voyage.
Nous nous dirigeons doucement vers la Malaisie à Georgetown où un hôtel Shangrila y figure, peux-etre pourrions nous y faire une halte pour un tea time ;).
En attendant de te revoir nous te souhaitons un bel été gourmand.
Cat&Seb
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