Les femmes, les femmes, les femmes!
En regardant cette photographie d’Irving Penn on se dit qu’il a su résoudre une énigme du XXe siècle en un seul cliché : qu’est-ce que les femmes peuvent bien transporter dans leur sac à main? Bah toute leur vie, pardi!!!
Et aussi quelques aspirations…
Postulat de départ
L’année 2017 a célébré le centenaire de la naissance de ce brillant photographe américain du XXe siècle, et alors que l’exposition au Grand Palais s’est terminée bien trop tôt, cet hommage résonne aujourd’hui comme une drôle de coïncidence. Pourquoi? Parce qu’Irving Penn a su dans son travail mettre en valeur les femmes dans une élégante simplicité qui donne une fluidité à l’image féminine, au point de rendre intemporelles certaines attitudes, pas si loin des soubresauts des derniers événements qui ont rythmé l’actualité, dans la lignée des décennies précédentes quand les femmes se battaient déjà.
Fidèle à la photographie rigoureusement travaillée en studio Irving Penn parvient à créer dans chacun de ses portraits une connivence, comme une proximité avec le modèle qui semble se confier à l’objectif. Et justement en observant de plus près ses photographies de femmes j’ai eu l’idée d’écrire une chronique sur la condition féminine. Alors est-ce que ce monsieur croisé hier après-midi et s’adressant à moi comme s’il s’apprêtait à me demander son chemin pour finalement me délivrer gratuitement un « Bonjour, vous êtes magnifique » va me faire changer d’avis? Pas du tout parce qu’un compliment de ce genre est tellement rare. Mon mot à dire moi? Noooooonnnn, jamais!
Le corps des femmes, arme d’expression massive
« Marre des féministes », « elles nous saoulent les féministes », « oh nan pas encore une féministe » et j’en passe. Trop souvent entendus ces derniers temps dans les bouches barbues (et aussi bizarre que ça puisse paraître également dans certaines bouches glossées), ces propos me font hérisser les poils. Il ne faudrait pas mélanger féminisme au sens noble du terme, avec ces effusions de colère incarnées par ces combattantes modernes appelées « Femen » qui troublent l’ordre public de leurs seins nus. Bon OK chacune sa méthode et on doit bien reconnaître le courage de leur extrémisme, mais même si leurs seins sont leurs armes il ne faudrait pas non plus que cette nudité revendiquée et provocante ne participe à cette banalisation du corps féminin comme objet sexuel, marchandise pornographique ou outil de communication marketing. Bien sûr on en a toutes ras le bol de ces publicités qui vantent l’efficacité d’un dentifrice en montrant une femme à poils, et ras le bol aussi de ces sociétés patriarcales archaïques où les femmes sont soumises au « sexe fort » qui les écrase. Mais n’y a-t-il pas d’autres façons d’exprimer les choses? Et est-ce que toutes les féministes sont des « Femen » en puissance qui combattent les hommes? La réponse est non.
Dans ses clichés Irving Penn magnifie le corps féminin. On dirait même que les courbes du Nu n°43 s’apparentent à des dunes de sable blond où quelques hautes herbes ont élu domicile malgré les vents. Le corps de la femme est aussi chez Irving Penn un objet du désir, un objet de contemplation, voire un objet d’expression lorsqu’il est embelli par des pratiques culturelles séculaires qui varient en fonction des civilisations (scarifications, cou girafe, grand front, peau blanche, taille de guêpe, seins voluptueux, petits pieds, fesses rebondies, teint hâlé, corps musclé, etc…).
Le féminisme, une idée noble
Attention, le féminisme ne souhaite pas « couper les couilles » aux hommes. A l’origine ce n’est pas une guerre des sexes (même si j’adore ma copine Queen B qui chante le point levé « Who run the world? > Girls! »). Il ne s’agit pas non plus de mettre tous les hommes dans le panier des prédateurs sexuels mysogynes. Alors oui avec l’affaire Harvey Weinstein (hashtag balancetonporc) la parole s’est libérée, et c’est tant mieux. Plus de tabou pour les victimes, et la honte sur les agresseurs. Il faut dénoncer ces harcèlements sexuels et moraux, et ces abus de pouvoir aussi, sans pour autant tomber dans les excès. Aussi à cette initiative débile récemment relayée par les journalistes pendant la Fashion Week avec des mannequins qui devaient toutes avoir un point commun pour défiler, à savoir avoir été abusé sexuellement par un homme, j’ai envie de dire c’est vraiment n’importe quoi!!!
Notons d’ailleurs au sujet des relations hommes/femmes qu’il y a une différence entre harcèlement et drague, et je veux croire que n’importe quelle femme sait bien faire la différence entre séduction respectueuse ou rigolote, versus agression verbale. Et la défense de la liberté d’importuner menée par l’idiote Catherine Deneuve (laquelle avait déjà soutenue Roman Polanski, violeur d’une jeune-fille de 13 ans) n’a pas sa place dans une société héritière du Droit de l’Homme. Oui Madame!
Le féminisme c’est revendiquer l’égalité des droits pour les deux sexes. La parité en somme. Non à la discrimination.
Voici l’exacte définition :
Mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme.
Alors à tous ceux qui pensent encore que les femmes devraient se taire car elles n’ont que ce qu’elles méritent je veux rappeler que nombreuses sont les courageuses persévérantes qui se sont battues pour :
- le droit à l’éducation des filles (autour de 1850 avec la loi Falloux, et Jules Ferry en 1870),
- le droit de vote des femmes en 1944,
- le droit de travailler et d’ouvrir un compte bancaire en 1965,
- le droit à la contraception en 1967,
- le droit à l’avortement en 1975 (merci Mme Veil),
- le droit de porter un pantalon en 2013,
Bon il reste encore des points à améliorer comme notamment les niveaux de salaire actuellement inégaux, ou le droit d’obtenir des postes réservés aux hommes, mais consolons nous en attendant ces évolutions avec cette bonne nouvelle : Simone Veil entrera au Panthéon en juillet 2018, et d’ici là soyons fières de célébrer comme il se doit le 8 mars, la journée internationale des droits de la femme.
Le mot de la fin revient à Marguerite Yourcenar. A réfléchir.
Grand Palais
3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
Tel. : 01 44 13 17 17
Tout à fait d’accord avec ta vision du féminisme!!
J’aimeJ’aime