Derniers jours pour aller découvrir une petite expo bien menée sur le style Art Déco au Palais de Chaillot à Paris. En effet jusqu’au 3 mars à la Cité de l’Architecture vous pourrez tout à la fois revivre une transatlantique sur le Normandie, flâner à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs, vous admirer dans la coiffeuse du Directeur des grands magasins, ou encore danser avec Joséphine Baker !
Premier mouvement mondial d’impulsion française qui réunit l’architecture et la décoration, l’Art Déco prend son essor avant la première guerre mondiale. Comme une réaction à l’Art Nouveau dont l’esthétique se compose de courbes et d’arabesques, les Arts Décoratifs arborent des lignes droites et pures, comme si l’essentiel de l’art convergeait dans ces dynamiques sobres et claires. Parmi quelques motifs floraux simples ou des représentations solaires avec des rayons, la beauté se veut symétrique, géométrique, avec des angles vifs. Il existe bien quelques représentations animales fortes ou des corps de femmes stylisés mais tout cela est ordonné et rigoureux. On dirait en exagérant que c’est un mouvement quasi pragmatique car il est question d’aller à l’essentiel, au réalisme, sans fioritures pompeuses…
A travers quelques salles thématiques il est question du rôle de la femme moderne, de l’essor de l’industrie automobile, de la décoration intérieure, de la mode, et de l’architecture. Pour étayer les sujets, de nombreuses œuvres illustrent le mouvement : bouchons de radiateurs de voitures élégants, robes précieuses du couturier Paul Poiret, meubles nobles en marqueterie, peintures, sculptures et affiches d’époque. Pour dynamiser le tout, quelques vidéos bien choisies qui nous transportent dans les années folles. Effectivement après les horreurs de la guerre, il faut se divertir et s’amuser pour se consoler. Comme insouciantes, ces années de fêtes s’illustrent avec le charleston et ses rythmes endiablés, et Joséphine Baker est la meneuse de revue la plus en vogue tandis que les femmes se parent de leurs plus beaux atours : sautoirs en perles, bandeaux à plumes, gants en satin, robes plumetis et lèvres rouges.
A découvrir dans cette dernière partie de l’exposition, de très belles maquettes de bâtiments (postes, usines, écoles, hôpitaux et gares Art Déco). Pour les plus curieux, les écrans tactiles interactifs présentent les édifices parisiens (et du monde) construits entre 1910 et 1930. Certains subsistent encore mais d’autres furent détruits.
Enfin, l’exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925 est aussi largement abordée dans cette exposition qui fait la part belle au savoir-faire français. Comme le disait les affiches publicitaires de l’époque, « il faut être moderne et le faire savoir ». Les chauvins seront contents, moi la première. Mais en toute objectivité, quel talent nous avions en France! Qu’ils soient ingénieurs, artisans, couturiers ou architectes, tous étaient brillants!
Relayés par la presse, les pavillons de Casablanca, Belgrade, Hanoi, Shanghai, Rio de Janeiro, Tokyo… posent implicitement la question de la diffusion si rapide de cette explosion artistique et technique à une époque où les moyens de communication n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Et une partie de la réponse réside dans le statut de ces destinations, autrefois colonies européennes…
Au final, une exposition intéressante qui nous transporte dans le temps ; on comprend cette effervescence créative qui fédéra les talents et les disciplines. Le rayonnement mondial de l’hexagone fut immédiat, initiant la conquête des marchés. En effet à cette époque le Ministère du Commerce ne ménageait pas ses efforts pour défendre et soutenir l’excellence des grandes manufactures de l’Etat, une leçon trop peu appliquée de nos jours me semble-t-il…
Exposition « 1925 quand l’Art Déco séduit le monde »
Cité de l’Architecture
1, place du Trocadéro et du 11 novembre
75016 Paris
Tel. 01 58 51 52 00