Après 5h30 de marche sans pause, les articulations de mes jambes sont raides, mon dos est douloureux, ma gorge sèche et ma tête bourdonne, mais plus que tout j’ai la plante des pieds brûlante ! Alors non je ne rentre pas d’une randonnée pédestre en pleine nature sur un sentier GR de haute montagne mais de la foire de Paris !
Tous les ans à la même période début mai, les halls d’exposition Porte de Versailles sont colonisés par une multitude d’exposants selon des thèmes précis : bien-être et loisirs, maison et environnement, et puis il y a aussi les cultures du monde (dont « Terre des tropiques » où je passe beaucoup de temps).
Métissée d’origine, je me rends compte qu’au-delà des exposants qui présentent leur culture, il s’agit aussi pour beaucoup de promouvoir ces destinations touristiques à travers leurs produits locaux (gastronomie, artisanat, musique…) mais que bien souvent et parce que beaucoup de touristes métropolitains sont du voyage dans les allées, certains incontournables sont galvaudés. En effet, on propage des idées vulgarisées qui déforment l’authenticité d’une culture : par exemple, qu’en est-il de ces « ti-punchs » qui se répandent dans toutes les bouches mais qui n’existent pas à destination ou seulement sur les cartes des restaurants à touristes ? De la même façon, on parle de « creolita coco » au lieu de « sorbet coco », la seule véritable appellation. Dans le but de mettre un peu de folklore dans les esprits parisiens qui souffrent profondément et définitivement du manque de soleil et de chaleur humaine, on grossit les traits d’éléments d’origine qui supportent le développement touristique et toutes ses conséquences. Et finalement si on y réfléchit bien, c’est les îles elles-mêmes qui entretiennent ces déformations, mais peut-on leur en vouloir alors que le poids économique du tourisme pour ces économies locales représente plus de 7% de leur PIB ?
Malgré tout, l’ensemble des exposants présents est assez représentatif de la diversité des cultures, des savoirs-faires et des traditions locales (à découvrir notamment les concerts et démonstrations de danses). Les stands très variés (vêtements traditionnels, fleurs, bijoux artisanaux, soins naturels, beauté et coiffure pour peaux noires et métissées, musique, gastronomie, prestataires de voyage…) font de cette expérience une belle source de plaisir et de joie pour tous, et même si la justesse est parfois un peu mise à mal, la Terre des tropiques est un espace plein de soleil.
Gros bémol cependant concernant les prix pratiqués, souvent exorbitants. Mais comment en vouloir aux exposants qui ne font que répercuter sur leurs produits les hausses incessantes du prix des stands au mètre carré ? Certains d’ailleurs disparaissent au fil des années car ils ne peuvent plus payer les abus tarifaires des organisateurs. On se demande si ces derniers souhaitent alors dégrader cette manifestation en décourageant les artisans et petits producteurs de qualité au bénéfice des commerçants riches et bien portants mais sans valeur ajoutée. Heureusement grâce aux exposants de valeur et de longue date qui parviennent à perdurer année après année, on retrouve toutes les saveurs emblématiques des Caraïbes : convivialité, partage, joie, bref une ambiance chaleureuse faite d’une bonne humeur générale et d’éclats de rire communicatifs. A l’écoute on apprécie aussi le créole qui se parle entre antillais de souche, mais dommage pour les paysages naturels merveilleux, le climat tropical humide et les parfums de terre et d’épices qu’on ne pourra apprécier qu’une fois sur place. Alors à vos valises !! Et encore faudrait-il que les compagnies aériennes (présentes sur le salon d’ailleurs) veuillent bien baisser le prix ahurissants des vols et les aéroports leurs taxes élevées injustifiées…